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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 07:39

 

A mort le foot

16 juin 1986

 


Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied.

 

Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.

 

 

Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de 22 handicapés velus qui pousse des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de bœufs éteints.

 

Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de 8, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de 40 morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?

 

 

Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois; le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ça ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.

 

Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait: «Ah, la fille!» ou bien: «Tiens, il est malade», tellement l'anormalité est solidement solidaire de la non-footballité.

 

Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez au stade.
Pouf, pouf.

 

Pierre Desproges (1938-1987)

 

 

 

 

 

On préfère  ces  musiciens : même s'ils  ont  tout  du  singe  qui  gratte  son  petit, le  résultat  est  tellement  plus  agréable ! dommage, le son est dégueu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

V
<br /> <br /> En parlant de féminité masculine: hier, l'un de mes brillants voisins engueulait son tout petit, qui pleurait:<br /> <br /> <br /> "Hé, fais pas ta gonzesse!"<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> c'est amusant deux commentaires qui commencent par les mêmes mots<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> En parlant de chiasse mexicaine, je me souviens des cocos nîmois en revenance de Cuba, qui avaient une cagagne posant de gros problêmes techniques dans l'avion.<br /> <br /> <br /> <br />
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